<i>"The Name of Our Country is América" - Simon Bolivar</i> The Narco News Bulletin<br><small>Reporting on the War on Drugs and Democracy from Latin America
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Narco News Issue #42

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Début du tour à travers le Nuevo Leon, 15 novembre

Réunion avec les adhérents à la Maison-Musée du Dr. Magil Apocada, Monterrey, Nuevo Leon


Par Sous commandant Insurgé Marcos
L’Autre Mexique

19 novembre 2006

Bon, ça y est, vous m’avez déprimé. Je regrette de vous demander de raconter comment ça va au Nuevo Leon.

Voyez-vous, compañeros, le stade où nous en sommes, c’est le stade de la présentation, c’est toujours le stade des définitions, comme quand le tour s’est interrompu après ce qui s’est passé à Atenco – et là, je réponds à la compañera qui nous avait posé la question. Quand nous étions dans le District Fédéral, les compañeros d’Atenco ont été attaqués – un compañero du Front des Peuples en Défense de la Terre vient au meeting de demain – je crois que le meeting a lieu demain ? Il parlera, prendra la parole et va raconter ce qui s’est passé là-bas.

Nous étions face à l’alternative suivante : nous essayons de construire un mouvement où nous serions tous compañeros – sans être tous pareils – et nous ne pouvions pas continuer comme s’il ne s’était rien passé alors que nos compañeros se faisaient brutaliser. Nous avons donc décidé de suspendre le tour de la Commission Sexta, pensant que nous allions beaucoup mobiliser et que nous réussirions rapidement à les tirer de là.

Ce qui s’est passé, c’est que nous nous sommes trompés. En fait nous n’avons pas… nous en avons sorti certains mais il y en a encore une bonne partie là-bas. Le problème était que nous devions tenir notre engagement – je pense que c’est l’engagement de tous ceux qui sont adhérents – d’être compañeros les uns des autres, non ?

Grâce à cette interruption, nous avons pu passer par le Nord de la république et obtenir la confiance de beaucoup plus de mouvements et d’organisations qui sentent bien qu’être nos compañeros et nos compañeras n’est pas seulement une déclaration mais que cela signifie des actions de solidarité et de soutien.

Ce qui s’est passé ensuite, c’est que le Nord est resté suspendu au fait de se présenter, à ce que dit la Déclaration Sexta, c’est-à-dire : « Voici qui je suis, je suis ici et voici comment je vois mon problème » afin que le reste du pays le connaisse. Pendant ce temps, il y a eu l’histoire des élections. Et après les élections, s’est réaffirmé le… Ils disent déjà tellement de stéréotypes, du style le Nord est bleu et le Sud est jaune et… c’est tout.

Autrement dit, que le pays est divisé selon ses préférences électorales et que cela a à voir avec le niveau de vie. Donc le reste du pays pensait – ou pense encore, et c’est ce que nous essayons de combattre – que le Nord est conservateur. Et qu’il est conservateur de par son niveau de vie.

Quand le tour à travers le Nord a commencé – quand il a repris – nos grands intellectuels de gauche nous ont prédit un échec en disant : « Personne ne va vous prêter attention là-bas, ils sont tous du PAN (Parti d’Action Nationale) ou ils ont tous un niveau de vie élevé, l’Autre Campagne n’a rien à leur offrir et ce sera un échec. »

Et la signification de notre passage par le Nord avec l’Autre Campagne a démoli ceci, non ? Non seulement sont apparus beaucoup de luttes, d’organisations… de foyers de résistance comme nous disons, mais aussi beaucoup de gens qui ne connaissaient pas l’Autre Campagne s’en sont rapproché et ont exprimé des désaccords qui n’avaient pas d’autres lieux pour se manifester que l’Autre Campagne.

J’étais à Monterrey, j’y travaillais avant et il y avait beaucoup moins de monde comparé à maintenant – tu es d’accord ? Maintenant, nous sommes un certain nombre. Mais je vois que dès que quelqu’un commence à parler de qui il est et de comment il voit la région, Monterrey, la zone conurbaine et l’état de Nuevo Leon, c’est comme si on disait : récréation ! et tout le monde part manger ou se promener. Et il ne reste plus que quelques personnes et les compañeros des médias qui viennent de loin, non ? Peut-être, c’est parce que vous vous connaissiez avant, non ? Parce que vous connaissez déjà la chanson.

Je vois que beaucoup insistent pour laisser tomber la parlotte et pour passer à l’action. Mais nous voyons ici une série de groupes et de collectifs qui courent le risque de penser que ce qu’ils voient est ce qui se passe réellement.

Et ça peut se passer avec beaucoup d’organisations ou de groupes politiques qui ont déjà plusieurs années. Le stéréotype des stéréotypes, c’est qu’à Monterrey, les gens sont apathiques et qu’ils ne veulent pas participer. Et ce bien que cette réunion ait lieu, bien qu’elle ait lieu après un processus électoral où il y a eu fraude, bien qu’ici, ce soit comme une campagne de nettoyage mental – comme vous nous l’avez expliqué – et qu’il y ait des jeunes, des travailleurs, des professeurs, des femmes au foyer comme on dit, des groupes pour la différence sexuelle et tout ça. Et qu’ils décident d’être dans cet espace.

Et cet espace est celui qu’il est important de maintenir . Et la façon de le maintenir n’est pas de se refermer sur soi-même mais de jeter des ponts avec le reste du Nord et le reste du pays.

Voyez-vous, ce qui va se passer, c’est que tout ça va exploser – tout le pays, je veux dire – ça va exploser et ça ne va pas être comme ce qu’on vous colle, c’est-à-dire que les gens sont apathiques et ne veulent pas participer.

Les conditions que vous nous avez en effet décrites sont un bouillon de culture – comme diront les traditionalistes – pour l’organisation et la lutte populaires. Mais le problème, c’est que, pour la majorité des gens, les référents de la lutte politique sont les partis politiques électoralistes. A chaque fois qu’un mouvement ou qu’une organisation se soulève, il finit par être vendu par son leader ou bien, c’est un petit groupe qui s’incruste au pouvoir.

Aussi toute cette apathie que nous voyons, ou que nous allons toucher de loin, a à voir avec que faire de ces partis et organisations politiques électoralistes et aussi avec l’attitude de l’état à propos des élections, non ?

Ça va déjà être difficile, pensons-nous, de pouvoir convaincre les gens qu’il faut participer aux élections après ce qu’il s’est passé aux élections qui ont imposé Felipe Calderon, non ?

Donc, l’effort de l’Autre Campagne, c’est pouvoir se présenter vers l’extérieur, convaincre les gens qu’il s’agit d’une autre façon de faire de la politique. Et cette autre façon de faire de la politique ne peut pas se construire si elle ne le fait pas déjà de l’intérieur. Si l’Autre Campagne dit : « Nous t’offrons de t’écouter et de te prendre en compte », comment est-ce possible que l’Autre Campagne ne s’écoute pas et ne se prenne pas en compte elle-même ? C’est ce que signalait le compañero sur les six points.

Ce n’est pas possible que chacun s’écoute soi-même ou écoute son secteur, car ici on bute contre un mur : « c’est pas possible, c’est pas possible, les gens sont apathiques, il faut changer de discours. » et tout ça. Et ne pas se retourner pour voir ses semblables, ses compañeros.

Si cela ne peut se construire ici au Nuevo Leon, cela va encore moins permettre de jeter les ponts nécessaires au Nuevo Leon avec San Luis Potosi – qui urgent – avec Zacatecas – cela va sans dire – avec Chihuahua, la Comerga Lagunera. Il nous manque encore l’autre partie de Coahuila, mais la Comerca Lagunera est dans de pires conditions que pendant le régime de Porforio Diaz et les conditions d’organisation et de rébellion sont semblables à celles du soulèvement de 1910.

Et ce n’est pas quelque chose de subjectif que nous percevons, mais ce sont les gens eux-mêmes qui nous l’ont manifesté ainsi. Comment est-il possible qu’après une campagne électorale désastreuse comme fut celle des partis politiques, un mouvement se présente qui n’offre ni casquettes ni provisions ni tee-shirts ni rien, pour dire que la seule chose qu’il promet est qu’il faut lutter ? Rien de plus, il n’y a pas d’autres promesses. Et il vient des gens de toutes les couches sociales, fondamentalement des gens pauvres, humbles, qui se sont fait dépouiller, qui sont exploités, qui sont méprisés et qui sont réprimés.

Si le Nuevo Leon reste en marge de ceci – et je me réfère à l’Autre Campagne de Nuevo Leon, pas à l’état de Nuevo Leon – alors, je ne peux même pas vous promettre que le rêve de séparer le Nuevo Leon et d’en faire un état de l’Union Américaine sera réalisé. Parce que ce qui résulte de nos conversations avec les sans-papiers et les chicanos de l’autre côté, c’est que ça chauffe de ce côté-là aussi. Si la frontière se ferme effectivement, comme le proposent républicains et démocrates, la cocotte-minute va exploser.

A San Luis Potosi, on nous a expliqué qu’il s’était passé ceci : le niveau de vie des gens a augmenté – comme ici – et plus tard, le prix des produits agricoles a baissé et la paye a baissé. Pour maintenir leur niveau de vie, les gens ont émigré, sont partis de l’autre côté. Et leurs emplois sont désormais occupés par des indigènes du Oaxaca, du Puebla, du Veracruz. Ils disent : « Ce sont des marches d’escalier. » La partie de San Luis Potosi qui s’est dépeuplée se repeuple de gens du Sud.

Si les choses continuent comme nous les avons exposées, la même chose va arriver au Nuevo Leon : il va se dépeupler et se repeupler comme on nous a déjà raconté que ça arrive, non ? Mais si la frontière se ferme, où va atterrir l’échelon du haut ? Il commence à buter contre un mur. Et cela va créer une vague de mécontentement dans le secteur, pensons-nous, de ce que vous appelez, presque avec mépris, la classe moyenne. Celle qui avait un certain niveau de vie et des conditions de travail qui, comme disent les compañeros des téléphones, reculent en arrière.

Quand je travaillais ici, ils luttaient jusqu’au siège des opérateurs du téléphone : que ça ne fasse pas mal et ça ira bien. Autrement dit, des demandes d’offensive, comme nous disions, et maintenant, ça continue jusqu’à la retraite. Comme si tout le mouvement ouvrier – mais c’est pareil pour le mouvement paysan ou indigène – était contre le mur. Mais ce qui est un mensonge, que nous avons vu dans le reste du pays, c’est qu’il y a un mur derrière nous. Il n’y a pas de mur, il y a un précipice.

Et ce sont ces conditions-là qui ont conduit les gens à faire le pas en avant. Mais il n’y a personne, il n’y a pas d’alternative. C’est la raison du grand succès du messie qui dit : « Moi, d’en haut, les pauvres d’abord. » et tout ça. Car il se présente comme une option, même si… même si, finalement, il n’en ressort rien.

Alors, comme cette alternative n’apparaît pas, les gens vont commencer à résoudre leurs problèmes exactement comme vous l’avez exposé ici : avec le « moi-moi ». « Moi, j’ai ce problème », moi le professeur, moi l’étudiant, moi à l’Université Autonome du Nuevo Leon, moi à l’Institut Technique de Monterrey – je l’ai déjà dit – à l’UDM ou à la colonia, ou avec des problèmes de logement. Et ils commencent à chercher où aller et ils trouvent cet espace dans l’Autre Campagne, encore qu’ils doivent se battre avec leurs propres compañeros du Nuevo Leon pour se faire entendre.

L’exemple que nous donne la compañera du mouvement lesbien est clair car ce qu’elle a omis de dire ici, c’est que même à l’intérieur de l’Autre Campagne, il faut conquérir un espace pour la différence sexuelle. Et là, peut-être qu’ici on bute contre le mur des regiomontanos (habitants de Monterrey) – déjà que quelqu’un a dit qu’on est vraiment machos – mais on va trouver les ponts dans d’autres parties de la république où ce mouvement est plus solide, ou plus ou moins, se solidifie.

Mais il faut construire un débat sur l’identité, par exemple, de la dissidence lesbienne : si c’est une dissidence, si c’est une différence, qu’est-ce que c’est. Tout ça prend le chemin de modifier les lois ou le chemin d’imposer sa présence et de faire valoir ses droits.

Et comme ça dans chaque endroit ou chaque secteur. Peut-être le mouvement syndical des travailleurs trouvera les ponts avec d’autres mouvements syndicaux qui sont en train de surgir, ou bien avec des groupes de travailleurs qui ne se sont pas encore posé la question syndicale. Ce sont les travailleurs de maquilas et les travailleuses. Ils ont des salaires de 45 pesos et des journées de travail de 14, 16 heures, contre le mur. De plus, c’est un mouvement ouvrier de racine indigène, sur cette marche d’escalier dont je vous parle.

Donc, les travailleurs normaux migrent vers l’autre côté ou passent une génération et ce sont les indigènes de la montagne, par exemple, dans la région de Puebla, ce sont des indigènes qui descendent de la montagne et qui maintenant sont ouvriers, mais ils continuent à être des indigènes. Cela donne une composition très différente, très à même de se confronter au patron sur la ligne de production et se rebeller contre lui. Et c’est une génération qui a entre 15 et 20 ans et qui n’a pas d’autres expectatives que de survivre et survivre, ou de lutter et lutter.

Dans ce moment où nous voyons… dans ce moment où s’ouvre une autre possibilité ou un autre chemin, quand beaucoup de gens se rapprochent, mais avec scepticisme : « On va bien voir. » Les gens qui sont là, dehors, et qui disent qu’ils sont si mal et si aliénés – comme ils l’ont dit – si nous les amenons dans cette assemblée, alors ils diront : « Non, plutôt pas moi. » Parce que c’est le même baratin de toujours, les mêmes lamentations, la plainte, comme disait la compañera. Ce n’est pas la proposition avec laquelle on va pouvoir convaincre les gens. C’est la foi ou la sottise, avons-nous dit, qu’il faudrait à la gauche, et qui, quand tout est contre, puisque c’est le cas, la fait avancer.

Alors, nous disons que ces assemblées ou ces réunions servent à nous présenter et à nous connaître. Mais nous sentons – comme a dit le compañero au final – qu’à peine arrivés ici, nous faisons connaissance. Et ce n’est que la première partie. Mais vous faites aussi connaissance maintenant avec San Luis et Zacatecas. Et plus tard, vous allez connaître Tamaulipas au travers de… cette chose qu’est l’Autre Campagne.

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