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Narco News Issue #42

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Oaxaca : fin de la tolérance

Pourquoi une telle répression contre le mouvement populaire?Pourquoi maintenant?


Par Luis Hernández Navarro
La Jornada

28 novembre 2006

Oaxaca en 2006 telle Sonora en 1902. Au début du 20ème siècle, le gouvernement de Porfirio Díaz a affronté la énième rébellion des Yaquis en déportant les indiens prisonniers dans les états du Yucatán, de Jalisco, de Tlaxcala et de Veracruz. Au début du 21ème siècle, l’administration de Vicente Fox répond au soulèvement de Oaxaca en envoyant les 141 insoumis arrêtés à la prison de San José del Rincón, dans l’état du Nayarit.

Vicente Fox clôt son sextennat avec du sang plein les mains. « Finie la tolérance » à Oaxaca, a déclaré le général Ardelio Vargas, chef de l’Etat-Major de la Police Fédérale Préventive (PFP), l’un des héros, avec l’amiral Wilfrido Robledo, de la répression d’Atenco. Ses chiens sont lâchés dans la rue. Ils lancent des gaz lacrymogènes, frappent avec une débauche de violence, procèdent à des arrestations sans ordre d’appréhension, font irruption dans les maisons sans autorisation, détruisent les biens privés, occupent les hôpitaux et les cliniques, empêchent la libre circulation des habitants, harcèlent sexuellement les femmes.

Dans la rue, les jeunes sont arrêtés arbitrairement , pour le seul motif d’être jeunes. Les prisonniers sont maltraités, torturés et entassés avec des inculpés de droit commun. Et, comme à l’époque de Porfirio Díaz, ils sont déportés.

Mais les abus contre la population civile par la PFP ne se limitent pas aux seules exactions commises directement par ses membres. Ils agissent comme les renforts des tueurs à la solde d’Ulises Ruiz. Ces pistoleros et policiers en civil parcourent la ville de Oaxaca à bord de véhicules, tirent des coups de feu, et séquestrent des membres de l’APPO. Ce sont les convois de la mort. La majorité des 20 homicides perpétrés contre des activistes sont à porter à leur crédit.

Pourquoi une telle répression contre le mouvement populaire de Oaxaca ? Pourquoi maintenant ? Qu’est-il advenu qui ait pu épuiser la « tolérance » des autorités fédérales ? Une raison surtout : à moins d’une semaine de la prise de pouvoir en tant que chef du pouvoir exécutif, et en pleine crise de légitimité, Felipe Calderón a exigé à Vicente Fox que, dans l’optique où le conflit n’ait pu être résolu, il soit cependant affaibli de telle façon que les négociations futures augurent des conditions favorables. Avec les arrestations et les poursuites, apparemment, les arrangements avec les insoumis se révèleront plus faciles et moins onéreux. Il a donc réclamé et obtenu que ce soit l’administration sortante et non entrante qui paye le prix et le discrédit de la répression. En somme : qu’on lui nettoie le chemin. Au passage, il a obtenu une diversion ; décourager la présence massive d’un contingent de personnes de Oaxaca voulant éviter son investiture, lors du prochain 1er décembre.

La présence massive de la PFP à Oaxaca depuis ce 29 octobre n’a pas empêché le maintien de vives protestations contre Ulises Ruiz. Cela n’a pas disloqué l’organisation populaire, ni freiné la révolte. Au contraire, l’APPO a organisé avec succès un congrès et réaffirmé son unité interne.

Cependant, malgré les confrontations, telle celle du 2 novembre, le conflit restait relativement contenu. La normalité n’avait pas été rétablie dans la ville, et l’impossibilité de gouverner restait de mise, mais il existait des ponts de communication informelle entre le gouvernement fédéral et la direction de l’APPO. Il s’agissait donc d’un conflit relativement administré. Ce statut, cependant, devenait inconfortable pour le gouvernement entrant, qui a décidé de le rompre.

Le mouvement populaire a-t-il réalisé une quelconque action qui ait pu rompre cet équilibre ? Définitivement non. La manifestation de samedi dernier a été totalement pacifique. Cela a été, de façon évidente, un démonstration de force, mais il s’agissait d’une action non-violente.
La décision d’attaquer est venue, comme l’ont prouvé de nombreux documents, de la PFP. Ce sont des éléments de cette formation qui ont lancé des billes à l’aide de ressorts aux manifestants, suivies de gaz lacrymogènes et de projectiles. Ce sont eux qui sont à l’origine de l’agression.

Les chefs de la PFP ont-ils perdu le contrôle sur leurs hommes ? Il est fort probable que cela se soit déroulé ainsi au début. Mais, ensuite, l’ordre a été donné d’attaquer. Ce qu’ils ont fait avec rage et rancœur. Ils sont allés écraser les manifestants, et savourer leur vengeance. La répression a été sauvage : 3 morts, plus de 100 blessés, 221 arrestations.

Et avec eux, protégés par eux, agissent les tueurs et les policiers en civil au service d’Ulises Ruiz. Ils ont séquestré et tiré sur des citoyens sans défense. Ils ont agressé, à la gare routière ADO, des gens qui attendaient leur bus. Ils se sont employé à semer la terreur, ainsi qu’ils l’ont fait durant les derniers mois.

Parallèlement, Radio Cuidadana (Radio Citoyenne), populairement connue comme « Radio Patito » (Radio Petit Canard), la fréquence pirate des partisans du gouvernement d’état a appelé à incendier les maisons de certains membres reconnus du mouvement populaire. Ce n’était pas une plaisanterie. Le dimanche 26 novembre, les bureaux de Flavio Sosa, l’un des porte-parole les plus en vue de l’APPO, ont été incendié. Bien entendu, ni la PFP, ni la police d’état n’ont pu éviter une telle chose.

« Tout ceci est en train de rentrer dans la norme » a déclaré Ulises Ruiz lors d’une autre de ses blagues involontaires. « Il n’y aura pas de pardon », a-t-il prévenu. En tant que candidat au poste de gouverneur d’état, Ulises s’était présenté comme un « homme d’unité ». Aujourd’hui nous savons qu’il s’était trompé de 3 lettres : Ruiz est l’homme politique de l’ « impunité ».

La violence de la répression à Oaxaca s’avère être le bouquet final par lequel Vicente Fox clôt son sextennat , mais c’est également la carte de visite de Felipe Calderón. Sans vouloir le reconnaître, il a décrété l’état de siège dans les faits. Les garanties individuelles ont disparu dans la ville.

Cependant, cette mesure ne va rien résoudre. Ses exécutants ont oublié deux petits détails. Tout d’abord, l’énorme capacité de résistance du peuple de Oaxaca. Et ensuite, que la seule chose qu’ils ont obtenu par la répression, c’est de répandre la rancœur, l’indignation et le désir de vengeance des citoyens à de nombreux autres endroits du territoire Mexicain. La tolérance, que cela soit bien clair, est épuisée de l’autre côté aussi.

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