<i>"The Name of Our Country is América" - Simon Bolivar</i> The Narco News Bulletin<br><small>Reporting on the War on Drugs and Democracy from Latin America
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Narco News Issue #45

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Forum national contre la répression : « Si ceux d’en haut ont mené leur répression au niveau national, nous aussi devons mener la résistance au niveau national ».

Une réunion plénière de vingt délégations a écouté les voix de ceux et celles qui ont été et sont victimes de la répression et a conclu des accords pour former « une instance nationale contre la répression ».


Par Murielle Coppin
Spécial pour Narco News

15 juillet 2007

25 juin 2007 – Quelques 500 adhérents de l’Autre campagne appartenant à divers collectifs (de 20 états et la capitale) et des observateurs de 8 pays ont assisté au deuxième Forum National contre la Répression qui a eu lieu dans la salle de Unios (unité ouvrière et socialiste) dimanche 10 juin. Le forum convoqué par l’ EZLN et la COPAI (Conférence de groupements politiques anticapitalistes de gauche) s’est déroulé sous forme d’assemblée plénière au cours de laquelle tous les participants ont pu prendre la parole. Pendant neuf heures les trois points suivants ont été exposés : l’installation de la table ronde, les dénonciations de la part d’adhérents et la réponse en terme d’organisation aux dénonciations.

A l’ouverture de la table ronde, Alejandro Barras (de Unios) a présenté le présidium d’honneur : soit toutes les victimes de la répression et tous les prisonniers politiques dans tout le pays qui sont tombés dans la lutte pour un pays meilleur. Ils ont attiré spécialement l’attention sur Alexis Benhumea, l’adolescent assassiné par la police au cours d’une agression contre le peuple d’Atenco le 8 mai 2006. Les participants ont répondu par des applaudissements en s’écriant à l’unisson : « Prisonniers politiques, liberté », « Vivants ils ont été pris, vivants nous les voulons ». Puis la table s’est installée : Marta de los Rios ‘ex prisonnière politique et disparue et membre du comité des familles des détenus et des disparus de l’état de Chihuahua), Silvio Rodriguez (de la revue Rebeldia), Marco Benitio (du parti des communistes) et Enrique (du Front Pancho Villa) et X. Marta de los Rios a ouvert le forum en convoquant les assistants : « La seule lutte qu’on perd, c’est celle qu’on oublie. C’est pourquoi notre lutte doit être constante…pour exiger la condamnation des coupables, pour l’éclaircissement de la vérité et l’exercice d’une justice avec dignité et courage parce que nous sommes, la Otra et les mexicains, en train de construire cette victoire ».

Ensuite, Angel Benhumea, père du défunt Alexis, a souligné le fait que la seconde étape de l’Autre campagne exige organisation et coordination pour amener à terme le Programme national de lutte.

Exposé des dénonciations

Dans la deuxième partie du forum, une trentaine de personnes provenant des divers états du Mexique et un des États-unis ont présenté leurs exposés concernant les cas de répression dont ils souffrent et ont souffert eux-mêmes ou leurs s. C’était un échantillon de ceux qui sont l’Autre campagne : tous les mexicains et mexicaines qui sont d’une manière ou d’une autre victimes des politiques néolibérales qui caractérisent le Mexique depuis une vingtaine d’années et qui cherchent à éliminer l’autonomie et les différentes manières de penser et de vivre en promouvant un système où quelques riches (puissants et corrompus) décident pour tous conformément à leurs intérêts. Par contre le Forum et la Otra en général a écouté les différentes voix de la diversité des gens, indigènes, femmes, jeunes, paysans, ouvriers, etc…, qui font de ce pays un pays pluriel qui ne se laisse pas dominer par ceux d’en haut.

A titre d’exemple de l’infinité des voix, nous présentons une des nombreuses dénonciations ; Maria (d’un collectif de travailleuses sexuelles de Tlaxcala) a accusé l’harcèlement dont elle souffre de la part de Reyes Luis Peñaz (Parti des ouvriers) qui veut faire de son domaine de travail une zone de tolérance, lui enlevant la seule alternative de s’en sortir avec sa famille. Enrique (habitant de la vallée marginalisée de Tehuacan, Puebla), a présenté les différentes méthodes qui servent à démanteler la commission des droits de l’homme qui défend les ouvriers du secteur industriel. Un autre compañero de Huizitepec (la mixteca poblana) a dénoncé le processus de diabolisation contre l’école autonome et l’agression envers le maire indigène du village. Le collectif du Cortamotaja (l’isthme oaxaquéen) a rappelé les 27 compañeros assassinés et les détentions illégales des enfants internés après dans des prisons pour adultes. Reinaldo (Tijuana) a parlé de la répression qu’il doit affronter dans son travail avec des enfants d’un quartier marginalisé où sévit « une épidémie de cristal » et » où on ne sait pas si le flic est narco ou le narco flic ». Une compañera de Sinaloa a dénoncé la forte militarisation dans son état. Elle a présenté le cas récent de l’armée tirant sur une camionnette qui ne s’était pas arrêtée immédiatement dans un barrage, tuant cinq personnes (dont trois mineures), cas qui a été présenté comme un affrontement contre les trafiquants de drogues.

Il y a eu des dénonciations d’éviction de communautés et de quartiers (comme le cas de Tepito au DF et des communautés de la Huasteca de Potosi), d’évacuation de manifestations pacifiques, d’expulsion de compañeros étrangers, la détention de personnes innocentes au hasard (comme le cas du lycée 8 à Mexico), la pratique de disparitions dans les années 70 ( méthode dénoncée par un membre de l’Union des mères des fils disparus de Sinaloa), l’infiltration de policiers en civil dans toute manifestation publique, les commissions nationales des droits de l’homme qui protègent le gouvernement, les campagnes contre la libre expression (comme le cas de Radio Regeneracion à Mexico) etc.

Plusieurs exposants ont accusé le pouvoir législatif de violation de la constitution en ayant recours à l’intervention de l’armée sur le terrain du pouvoir de police. Salvador Atenco, Oaxaca et Sicarsa ont été des exemples de comment l’armée convertie en police (en se mettant des costumes gris) a commis un assaut clairement militaire contre une population sans défense et désarmée dans le but de détenir les luttes sociales et politiques.

Marta de los Rios a demandé d’avoir confiance en la lutte pour la liberté et la justice. Elle a donné l’exemple des mobilisations, des défilés et des grèves de son collectif (mères des disparus de Chihuahua) qui, sous le gouvernement de Jose Lopez Portillo, a réussi la première grande amnistie du Mexique. Des centaines de disparus politiques ont été libérés des prisons clandestines. Elle a invité le public à ne pas avoir peur car « la peur est une prison sans barreau, la peur appartient aux puissants, c’est pourquoi ils détruisent et assassinent ».

Des dénonciations au plan de lutte

La commission Sexta, représentée par le Sous commandant Marcos, s’est intégrée au forum pour le dernier point de l’assemblée: la question en terme d’organisation de comment répondre avec efficacité à la répression. D’après Marcos, l’EZLN a rencontré de grandes similitudes entre la pensée des divers collectifs et celle de l’EZLN : « nous affrontons les mêmes problèmes et les mêmes dangers et nous entrevoyons à quelques différences près les mêmes solutions. » Il a énuméré les différents éléments que comporte la répression : la campagne de discréditation et de désinformation, la propagande médiatique qui présente les mouvements sociaux comme des bandes de criminels, le climat de terreur, les menaces, les harcèlements, les persécutions, les coups, les enlèvements, les déportations et les exils forcés, les détentions, les disparitions et les assassinats. D’après l’EZLN, il convient d’examiner tous ces points de vue dans la construction des plans d’action. Il a comparé la tendance répressive du gouvernement actuel avec les mécanismes utilisés par les gouvernements dans ladite « guerre sale » : la répression sélective est passée à être massive et indiscriminée et met en évidence une nette préparation stratégique et tactique de l’appareil répressif – y compris du pouvoir judiciaire – pour affronter le mécontentement social croissant dans tout le pays. Quant à la répression à Atenco et Oaxaca, l’EZLN a signalé les similitudes avec les stratégies utilisées par le gouvernement nord-américain dans la guerre d’Irak : désarticuler et fragmenter les mouvements sociaux en terrorisant leurs bases. D’après Marcos, cela ne suffit pas au gouvernement de tabasser non seulement les leaders, les dissidents, les critiques et les déstabilisateurs mais encore la population entière. De la même manière, l’EZLN interprète la guerre contre le trafic de drogue comme un prétexte pour avoir l’armée dans les rues, les routes et les champs du Mexique. En même temps, la propagande médiatique présente les militaires et les politiciens comme des « héros de la patrie » et fait de la terreur quelque chose de quotidien.

Face à cette situation critique, l’EZLN pense qu’il convient de répondre d’une façon organisée à niveau régional et national pour résister en premier, stopper ensuite et finalement faire échouer la stratégie de guerre de basse intensité. L’EZLN est d’accord avec les autres groupements présents sur l’urgence de former une « instance nationale contre la répression ». Pour l’EZLN, une telle instance devrait inclure 8 principes. :

  1. Assumer une politique de solidarité avec tous les prisonniers, disparus, déportés et exilés – qu’ils soient ou non de l’Autre campagne – Se positionner contre la répression ou la menace de répression.
  2. Etre indépendant sans aucun lien avec les partis électoraux ou les groupes proches d’eux y compris les groupes d’entreprises.
  3. Travailler avec honnêteté et ne pas faire dépendre l’appui solidaire à des liens politiques, idéologiques ou d’organisation.
  4. Chercher le lien direct avec les victimes et leurs familles et les impliquer aux idées, actions et décisions.
  5. Se concentrer sur l’objectif principal. C’est pourquoi la discussion théorique – bien qu’importante – ne peut pas rivaliser avec les actions conjointes ;
  6. Elle doit être nationale et construite d’en bas,
  7. de caractère horizontal et participatif.
  8. Elle doit avoir une mémoire historique : récupérer et documenter les expériences de luttes.

Les actions d’une instance nationale contre la répression ont quatre objectifs principaux :

  1. Présentation et justice pour tous les prisonniers et le libre retour des exilés et déportés ; présentation en vie des disparus.
  2. Cessation des harcèlements et de la persécution des combattants politiques et sociaux.
  3. Dénonciation et mobilisation pour stopper la tendance répressive et militaire du gouvernement mexicain.
  4. Condamnation des responsables de la répression et justice pour les victimes.

Pour l’EZLN, les principes et les objectifs mentionnés plus haut sont ceux qui vont donner une identité et une direction à l’instance de lutte nationale. Le plan d’action devrait se concrétiser de la manière suivante.

  1. Participer avec d’autres efforts à la défense des prisonniers politiques.
  2. Travailler à niveau national, régional et local dans les objectifs en reconnaissant l’espace primordial du local. A partir des expériences de l’Autre campagne à chaque endroit, il peut se former des unités organisatrices de travail stables et régulières chargées de prendre des mesures préventives. Celles-ci seront comme une passerelle de rencontre, de soutien et de solidarité entre les victimes de la répression au travers de l’instance nationale.
  3. Impartir des informations juridiques et relatives aux droits de l’homme ;
  4. Une campagne permanente de propagande publique sous forme d’événements et de réunions avec des affiches, des volants, des vidéos, des tables d’information, du théâtre et toute production artistique du Mexique d’en bas.

L’EZLN propose que cette instance nationale, locale et régionale décentralisée se constitue le 18 juillet 2007. Le sous commandant a terminé en disant que l’Autre campagne est « l’unique organisation qui peut faire quelque chose à niveau national. Les autres sont ceux d’en bas. S’ils ont mené leur répression à niveau national, nous devons aussi mener la résistance à niveau national.

Suite à la proposition de l’EZLN, se sont succédés d’autres propositions et idées pour monter un programme national de lutte contre la répression. Parmi elles les mesures minimum de sécurité par Jacobo et Gloriq Helena, prisonniers politiques, dont l’exposé a été lu par leur compañera Laura Cardenas : communication permanente entre les unités organisatrices de travail et avoir des compagnons capables de prendre la place de ceux qui sont arrachés de leurs fonctions par la répression. Un porte parole du piquet de Santiaguito a avancé que les compañeros doivent être là où sont les prisonniers et qu’ils doivent y rester jusqu’à ce qu’ils sortent tous. « C’est pourquoi », dit-il, « que chaque organisation devrait envoyer un délégué ». L’avocate Barbara Zamora a confié que les avocats se sentent très seuls dans les tribunaux contre l’appareil judiciaire, exécutif et législatif. Elle a critiqué les juges – notamment le nouveau juge de Texcoco – qui manipulent de manière grotesque et corrompue la loi, comme dans les cas de Magdalena Garcia Duran, pour protéger la police et autres serviteurs publiques. Il a regretté le manque d’outils juridiques dans cette manoeuvre ; C’est pourquoi il a proposé d’élaborer une liste de juges corrompus qui manipulent la loi et le droit et de la même manière diffuser les « agissements » de ces « docteurs en droit » à niveau national et international. Il a aussi souligné l’importance de faire acte de présence dans les tribunaux pour appuyer le travail juridique. Au nom des avocats du Bufete Tierra y Libertad, il a proposé de monter des atelier de conseil juridique et des ateliers sur la réforme pénale qui a déjà été approuvé au sénat et qui donne à la police la possibilité de faire des perquisitions, des interrogatoires et des détentions de manière indépendante et autonome comme un juge ou le ministère de l’intérieur et ceci sous prétexte de faciliter les procès. « De la sorte » avance l’avocate, « la répression se légalise ». Parmi les autres propositions, il y a eu l’installation d’une sorte d’appareil d’investigation, d’un comité d’enquête des cas de torture et d’assassinats, l’organisation d’une unité d’autoprotection comme les Copwatchers de Los Angeles qui surveillent si la police respecte les droits des manifestants, des émigrés etc…

Après un jour entier de débats, d’exposés et de présentations, le Forum nationale contre la répression s’est terminé à neuf heure du soir avec l’accord de la création d’une instance national contre la répression le 18 juillet 2007 à Tuxtla Gutierrez, capitale du Chiapas, avant le commencement de la Rencontre intergalactique dans les communautés autonomes zapatistes.

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