<i>"The Name of Our Country is América" - Simon Bolivar</i> The Narco News Bulletin<br><small>Reporting on the War on Drugs and Democracy from Latin America
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Narco News Issue #53

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Expulsion d’adhérents de l’Autre campagne par un groupe de gens, à San Cristobal de las Casas, Chiapas

Les expulsés n’ont pas pu regagner la propriété pour jauger la situation de peur d’actes de violence


Par Kristin Bricker
Via the NarcoSphere

12 novembre 2008

Le 9 novembre au matin, un groupe de personnes à la tête duquel se trouvait un homme qui est présumé avoir été impliqué dans le massacre d’Acteal de 1997, a chassé du terrain où ils vivait depuis 1973 une famille d’adhérents de l’Autre campagne zapatiste.


D.R. 2008
L’affrontement a commencé quand ce groupe de personnes démarra les travaux de construction d’une route traversant le terrain occupé par des adhérents de l’Autre campagne zapatiste, à San Cristobal de las Casas, Chiapas. Les adhérents considèrent que la construction de la route sert de prétexte pour les expulser parce que l’équipe de construction venait accompagnée de géomètres pour mesurer les limites de la propriété, manifestement dans l’intention de vendre le terrain. Le terrain qu’occupent les adhérents est légalement propriété fédérale et zone protégée car la demeure connue sous le nom de moulin Utrilla, classé officiellement monument historique, y est situé. La propriété cependant est inscrite au Conseil du bon gouvernement zapatiste à Oventik.

Hier matin à 7 heures, est arrivé un bulldozer au moulin Utrilla, suivi d’un groupe d’une quarantaine de personnes dont certaines avec un passé violent. Selon Salvador Santiz Perez, adhérent de l’Autre campagne qui vit au moulin Utrilla depuis 1973 avec les 26 membres de sa famille, le groupe envahisseur a abattu sans permission, dans un terrain fédéralement protégé, huit arbres en vue de la construction d’une petite route qui relierait deux routes conduisant du périphérique au quartier de Cuxtitali.


D.R. 2008
Santiz Perez déclare que c’est le dernier en date de toute une série d’affrontements provoqués par ce groupe qui n’est affilié à aucune organisation actuellement. Il a désigné un homme en particulier qui photographiait les adhérents de l’Autre campagne venus supporter sa famille. Santiz Perez dit que l’homme qui prenait des photos l’a kidnappé et frappé en 2002. L’homme n’a jamais été poursuivi en justice pour ce crime.

Domingo Lopez Angel, leader local qui soutient la famille de Santiz Perez, a averti la police qu’un groupe de personnes avait commencé des travaux dans la zone fédéralement protégée. Deux policiers municipaux sont arrivés accompagnés de Jose Alberto Corso, Directeur de l’Ecologie de la Direction de l’environnement et des ressources naturelles (Profepa en sigle espagnol). Après avoir inspecté les dégâts, Corso a déclaré : « ils ont défoncé la clôture; ils ont abattu les arbres. C’est de la provocation. C’est une zone surveillée et il n’y a eu aucun permis d’établis dans cette zone pour ce type de travaux.»

Marco Santiz Shilon, père de Santiz Perez et leader du groupe qui essaie de construire la route, a admis qu’il n’avait pas de permission pour effectuer ces travaux. Santiz Shilon a expliqué qu’il envisageait d’acheter le terrain.

Santiz Shilon a engagé un géomètre qu’on a vu en train de mesurer les limites de la propriété hier matin. Santiz Perez souligne que ce n’est pas la première fois que Saniz Shilon engage un géomètre pour mesurer la propriété ». Il affirme que Santiz Shilon veut vendre le terrain même s’il n’est pas à vendre. Il ajoute que Santiz Shilon a déjà vendu des parcelles à certaines personnes pour 40 000 à 60 000 pesos chacune, les dépouillant de leur argent car il ne détient pas les actes de propriété du terrain. Certains acheteurs ont pu construire des maisons dans la propriété même en ne possédant pas les actes de propriété légaux mais d’autres ont du abandonner leur « propriété » car l’achat n’était pas légal.

Les déclarations de Santiz Perez ainsi que du représentant officiel de la zone nord de la direction municipale, Pedro Ramirez Lopez, indiquent que Santiz Shilon essaie de légaliser son commerce de vente de parcelles sur la propriété Utrilla. Les deux hommes affirment que Santiz Shilon a engagé des géomètres particuliers pour mesurer le terrain afin de pouvoir parvenir à un accord avec le gouvernement pour « régulariser » (terme mexicain qui s’applique à la légalisation de terrain occupé) le terrain autour du moulin Utrilla, laissant le moulin au gouvernement mais développant (et vendant, comme Santiz Perez l’affirme) le terrain à proximité du moulin.

Un affrontement tendu

Alors que l’agent de Profeta était encore en train d’examiner la situation, le groupe de Santiz Shilon envahit les lieux, deux chefs politiques locaux à leur tête : Ramirez Lopez, représentant de la zone nord et Criselio Gomez Lopez, secrétaire de la zone nord de San Cristobal. Gomez Lopez déclara que la famille de Santiz Perez pouvait être emprisonnée sans caution pour occupation d’une maison appartenant au gouvernement fédéral. Cependant les chefs politiques ne sont pas des agents officiels du gouvernement et n’ont donc pas de pouvoir direct quant aux arrestations et caution. Néanmoins, en tant que représentant et secrétaire de la zone, ils ont bien des réunions hebdomadaires avec des membres officiels du gouvernement issus de tous les partis politiques. C’est dans ces réunions du nom de cabildos que les représentants négocient les bénéfices pour eux et les zones qu’ils représentent en échange de votes. Ils pèsent donc assez lourd au sein du gouvernement local.

Après l’intervention du représentant et du secrétaire de la zone, un membre non identifié du groupe de Santiz Perez s’adressa à la foule. Il déclara : « peut-être, si la personne qui vit dans le moulin (Utrilla) se conduit bien, il aura une chance. S’il se conduit mal, comme c’était le cas en 2000… »L’homme ne termina pas sa phrase. Mais il reprit, cette fois s’adressant à Santiz Perez : « coopère et tu auras une petite parcelle pour y vivre avec tes enfants. »


D.R. 2008
Santiz Shilon et ses partisans se mirent à discuter avec Corso, l’agent de Profepa. Toute la foule, une quarantaine de personnes au moins, emporta alors les adhérents de l’Autre campagne á l’écart de la police. Les adhérents décidèrent de quitter la propriété mais ils trouvèrent leurs voitures (ainsi que celles de la police) bloquées par un camion appartenant à un des hommes de main de Santiz Shilon.. Or le temps que le propriétaire du camion bouge son véhicule, la foule était tombée sur les adhérents de l’Autre campagne et leurs voitures. La plupart réussirent à dégager leur véhicules hors de la propriété mais la foule dirigea sa colère contre Domingo Lopez Angel car il était en faveur de la famille de Santiz Perez au lieu du groupe de Santiz Shilon. Encadré par toute la foule, Santiz Shilon à leur tête, Lopez Angel fut forcé de sortir de sa voiture pour négocier. Après une vive discussion en langue maya Tsotsil, la foule laissa partir Lopez Angel.

Santiz Perez assure qu’il retournera au moulin Utrilla et qu’il le défendra au prix de sa vie, si besoin est. « Ils peuvent tuer mon corps mais ils ne peuvent pas tuer mon âme » a-t-il déclaré. Santiz Perez affirme que son père veux les tuer, lui et sa famille.

Pour l’instant la famille Santiz Perez a trouvé refuge au CIDESI, l’université indigène locale qui fait aussi partie de l’Autre campagne.

L’Autre campagne de Sain Cristobal reste en état d’alerte, en expectative de l’avis du Conseil du bon gouvernement zapatiste d’Oventik.

Une histoire compliquée

La propriété Utrilla et les groupes qui se disputent ont un passé long et compliqué.

Marcos Santiz Shilon et sa famille, son fils Salvador Santiz Perez y compris, sont arrivés dans la propriété Utrilla en 1973. Des chefs politiques locaux avaient expulsé la famille de leur communauté Chamula au motif d’être chrétiens évangéliques. Ermilio Dominguez, à qui appartenait la propriété à l’époque, a offert d’héberger la famille dans le moulin Utrilla en échange qu’elle surveille la propriété.

Plus tard, avant 1994, la famille Dominguez a vendu une partie du terrain au gouvernement fédéral, comprenant la partie où est situé le moulin. Le Fonds National au développement du tourisme (FONATUR en sigle espagnol) est responsable du terrain et avait des plans à long terme pour développer ce monument historique en une zone touristique mais en 1993 il a informé à la famille Santiz que la propriété était « leur » et qu’ils pouvaient continuer à y vivre et travailler. C’était un accord verbal.

En 1994 lorsque les Zapatistes orchestrèrent leur tristement célèbre soulèvement, d’autres familles vinrent dans la propriété Utrilla et exprimèrent leurs revendications concernant le terrain fédéral, éloigné du moulin Utrilla. Etant donné qu’une organisation indigène avait déclaré la guerre au gouvernement, Fonatur decida qu’il valait mieux éviter les conflits et permit à la famille de continuer à vivre dans le moulin qui n’a aucune installation élémentaire comme l’électricité et l’eau courante. Il est très clair pour Santiz Perez que l’accord verbal avec Fonatur n’a jamais voulu dire que la famille Santiz possédait la propriété. Il voulait dire que la famille pouvait y vivre et y travailler pour protéger et conserver le site historique et partageait ces objectifs avec Fonatur.

Après le soulèvement de 1994, le père de Santiz Perez, Marcos Santiz Shilon, fut un anti-zaptiste convaincu. Cependant Santis Perez dit que Santiz Shilon a profité du soulèvement en se nommant lui-même représentant des gens vivant sur la propriété Utrilla dans le but de pouvoir négocier avec le gouvernement. Santiz Shilon a même fait un cachet officiel pour lui affichant l’image d’Emiliano Zapata en arme.

Tandis qu’il agissait en tant que représentant auto-nommé des terres récupérées, Santiz Shilon rejoignait le parti politique du Frente Cardinista. Les autres familles qui avaient profité du soulèvement pour exprimer leurs revendications concernant le terrain fédéral rejoignaient le Frente et faisaient flotter le drapeau du parti politique sur le terrain. Ils utilisaient le soulèvement zapatiste comme tremplin pour négocier des avantages du gouvernement qui était plus que content de faire la distribution de cadeaux pour apaiser le sentiment révolutionnaire parmi les populations pauvres et indigènes. Santiz Perez dit qu’ils ont reçu 70 000 pesos pour un projet de ferme piscicole. Il dit qu’en plus des cours de management de pisciculture, le projet accordait aussi de l’argent aux membres du Frente afin qu’ils puissent commencer leur activité piscicole. Santiz Perez assure que son père a utilisé une partie de l’argent pour acheter une voiture.

Santiz Perez affirme que lui et d’autres personnes ont pu observer son père organiser des réunions de préparation du tristement célèbre massacre d’Acteal qui fit 45 morts parmi une population désarmée. Santiz Perez dit aussi que le 21 décembre 1997, la nuit antérieure au massacre, des hommes en camion sont venus chercher Santiz Shilon dans le voisinage. Selon les adhérents de l’Autre campagne proches de Santiz Perez, les hommes en camion sont partis à Chenalo (le canton où est situé Acteal) avec Santiz Shilon et d’autres adhérents du Frente Cardinista. Ils ont été absents toute la journée du 22 décembre 1997. Quand Santiz Shilon et les autres membres du Frente Cardinista local sont revenus, Santiz Perez et d’autres ont affronté son père pour lui demander où il était pendant le massacre. Santiz Perez a rapporté que son père lui a répondu : « nous sommes allés là-bas parce qu’il avait un problème ». Santiz Perez a fait une déclaration officielle à l’encontre de son père auprès du Centre des droits de l’homme de Fray Bartolome de las Casas et Enlace Civil, expliquant que si Santiz Shilon n’a tuer personne directement pendant le massacre, il a certainement aidé ceux qui ont commis le crime. Comme c’est souvent le cas dans la guerre, et spécialement dans la guerre de basse intensité du Chiapas, ceci a monté le père contre le fils.

Santiz Perez dit que les menaces incessantes de son père à l’encontre de sa famille s’aggravèrent en 2000 lorsque Santiz Perez expulsa du moulin Santiz Shilon parce qu’il escroquait les gens en leur vendant le terrain Utrilla sans acte de propriété. La situation devint violente en 2002 quand Santiz Shilon et ses partisans commencèrent à agresser la famille résidant au moulin. Cette année-là Santiz Shilon laissa entendre par son frère qu’il avait une milice de quatre vingt hommes armés. C’était aussi l’année où les hommes de main de Santiz Shilon kidnappèrent Santiz Perez pour le passer à tabac.

Santiz Perez explique que les agressions de son père résultent de la haine qu’il nourrit envers l’Armée zapatiste de libération nationale et non d’un conflit de famille. En effet quand Santiz Shilon essayait de convaincre la police municipale, Profepa, le représentant et le secrétaire de la zone nord que c’était lui qui méritait le terrain et non la famille de son fils, il avança qu’il était un citoyen respectueux des lois tandis que son fils était « un zapatiste ». Santiz Perez dit que le moulin Utrilla est inscrit au Conseil du bon gouvernement d’Oventik et placé sous leur contrôle comme partie des terres récupérées par le mouvement. Il a également déclaré publiquement ses intentions de transformer la propriété Utrilla en un espace culturel, artistique et politique pour les zapatistes et l’Autre campagne de San Cristobal, connue comme l’Autre Jovel. Une des premières actions de la famille à cet égard fut d’utiliser l’espace pour construire un énorme Emiliano Zapata en papier mâché pour un événement zapatiste dans l’ Aguascalientes d’Oventik..

Possibilité d’une intervention fédérale

La situation demeure tendue. Santiz Perez et sa famille ont été délogés hier après-midi lorsque la foule les expulsa de leur terrain. Ni Santiz Perez ni les membres de l’Autre Jovel n’ont pu retourner dans la propriété pour jauger la situation de peur d’actes de violence. Des membres du groupe de Santiz Shilon ont été observés hier en train de photographier les plaques d’immatriculation des adhérents dans la propriété Utrilla.

Ce matin un adhérent de l’Autre campagne a vu entrer Santiz Shilon dans le palais municipal de San Cristobal de las Casas avec le représentant Ramirez Lopez et le secrétaire Gomez Lopez. Ce même adhérent notait que les réunions de cabildo hebdomadaires avaient lieu tous les lundis matin au palais municipal. Les adhérents de l’Autre campagne de San Cristobal, Santiz Perez y compris, ont déclaré qu’ils étaient « certains qu’ils demanderont (dans la réunion de cabildo) le soutien et l’intervention de la direction municipale pour négocier et accélérer la procédure d’éviction » à niveau fédéral et de l’état, « étant donné qu’ils soutiennent (Santiz Shilon et son groupe) que le bâtiment est propriété fédérale ». Les adhérents trouvent inquiétant que Santiz Shilon veule demander l’intervention fédérale dans le conflit.


Trad. madelon

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